Un environnement en constante évolution : la petite histoire des systèmes de consigne

Cette année, à l’occasion des 50 ans de TOMRA, nous avons passé en revue l’histoire de l’innovation en matière d'automates de déconsigne. Nous examinons maintenant l’histoire des systèmes de consigne, l’évolution de ces programmes de recyclage des contenants de boisson et les tendances qui ont marqué leur développement.

Photo d’une personne se dirigeant vers des conteneurs de recyclage

Les consignes sur les contenants de boisson ne sont pas une nouveauté, ils existent depuis plus d’un siècle.

Aujourd’hui, les systèmes de consigne (également connus sous le nom de systèmes de système de consigne des emballages de boissons ou lois bouteille) sont plus formalisés et contribuent de manière significative à favoriser le recyclage dans le monde entier. Ils ajoutent une petite consigne remboursable au prix de la boisson, que les clients récupèrent lorsqu’ils rapportent le contenant de boisson vide pour le recycler.

De plus en plus de régions mettent en œuvre ces systèmes par le biais de la législation, dans le but de lutter contre le fléau de la pollution plastique et des déchets. D’ici fin 2022, environ 370 millions de personnes dans le monde auront accès à un système de consigne.

Cependant, en examinant l’histoire des systèmes de consigne, la lutte contre la pollution n’était pas la motivation initiale des premiers programmes de dépôt pour contenants de boisson.

Première vague : Bonne volonté et systèmes volontaires de récupération d’actifs de valeur

Si nous revenons à la fin du 18e siècle, il n'y avait pas encore de contenants de boisson en plastique. Les boissons telles que la bière et la soda étaient généralement vendues dans des bouteilles en verre ou même en grès.

Contrairement aux bouteilles en plastique et aux canettes en aluminium que nous utilisons aujourd'hui, ces articles coûteux n’étaient pas considérés comme jetables. Ils étaient considérés comme la propriété du fournisseur et comme un actif commercial à comptabiliser, et il existait un accord entre le commerçant et le consommateur selon laquelle les contenants devaient être rapportés. Cela se faisait généralement comme un geste de bonne volonté, sans incitation financière d’une consigne. Au Royaume-Uni, par exemple, le principe de « rinçage et retour » des bouteilles de lait récupérées directement au domicile des consommateurs a vu les laiteries réutiliser ces bouteilles en verre jusqu’à 40 fois.

Mais au cours des décennies qui ont suivi, alors que les marchés se développaient et que les producteurs étaient confrontés à des pertes financières dues à la diminution des rendements, il fallait faire quelque chose pour aider à augmenter la probabilité qu’ils récupèrent leurs actifs. C’était un moment clé dans l’histoire des systèmes de consigne, alors que l’introduction de consignes sur les contenants s'avérait être la solution logique. Il s’agissait de programmes dits « volontaires », dans lesquels les producteurs de boissons prenaient l’initiative de mettre en œuvre la consigne, sans que les programmes ne soient réglementés.

En 1803, les producteurs britanniques de boissons non alcoolisées remboursaient les contenants de boisson rapportés, et à partir de 1900, le premier producteur facturait des consignes à cet effet. Des archives américaines montrent que certains producteurs ont commencé à introduire ces consignes dès les années 1870 et 1880, mais il faudrait attendre le milieu des années 1920 pour que les systèmes de consigne sur les bouteilles deviennent courants.

L’essor des emballages à usage unique


Photo de bouteilles en plastique
Cinquante à soixante ans plus tard, une nouvelle « solution » était mise sur la table pour les producteurs de boissons. Les années 1970 ont vu l’introduction des premières bouteilles en plastique pour les sodas, et en 1973, les bouteilles en PET (polyéthylène téréphtalate), qui sont aujourd'hui la norme pour les boissons gazeuses, ont été brevetées.

La popularité des bouteilles PET et des canettes de boissons en alu à usage unique augmenta, car elles étaient présentées aux distributeurs de boissons comme de nouveaux matériaux de substitution formidables, légers et jetables, qui permettraient aux producteurs d’éliminer complètement l'idée que leurs contenants étaient des actifs commerciaux.

« C’était une période passionnante. Les marques étaient très réceptives à ce changement, car l'idée de ne pas avoir à investir dans un actif qu'il fallait gérer tout au long de son cycle de vie était extrêmement attrayante », déclare Wolfgang Ringel, vice-président directeur des affaires publiques du groupe TOMRA. « Soudainement, des problèmes tels que la reprise de caisses de bouteilles réemployables ou les pertes dues à la casse ont été éliminés de l'équation. Ces nouveaux contenants étaient plus légers, plus faciles à manipuler, généraient des économies, et ils savaient que les consommateurs allaient les acheter. »

Photo de Wolfgang Ringel
Wolfgang Ringel, vice-président directeur des affaires publiques du groupe TOMRA
Que se passe-t-il si le problème des déchets dus aux des bouteilles et aux canettes est en fait dû à des systèmes de gestion des déchets mal conçus ?

De la solution industrielle à la charge municipale

Cependant, cette excitation a été atténuée par la prise de conscience que le changement apportait son lot de défis.

« Tout se passait à merveille, jusqu’à ce qu’il devienne évident que ces articles jetables créaient un flux de déchets qui constituerait un fardeau pour les municipalités », explique Wolfgang Ringel. « Soudain, les municipalités ont dû déterminer comment faire face à cet afflux de contenants de boisson, mais elles n’en avaient pas les moyens. » Il était impossible que le gouvernement permette à l’industrie de mettre sur le marché des produits à usage unique sans avoir à les récupérer. Il a donc fallu trouver une réponse.

C’est ainsi qu’a commencé l’évolution de la collecte sélective de déchets domestiques multimatériaux. Cela permettait de séparer certains matériaux ayant une valeur des déchets, que les municipalités pouvaient ensuite vendre et convertir en source des revenus.

L’Ontario a été le premier au monde à mettre en œuvre la collecte sélective, dans le cadre d’un accord qui a vu l’industrie des boissons non alcoolisées (par l’intermédiaire de l'Ontario Soft Drink Association) fournir le financement de départ pour le programme des « boîtes bleues ». Ce qui a commencé comme une contribution d'un million de dollars s'est élevé à 41 millions de dollars, répartis sur 10 ans (1986-1996), bien que les contribuables aient couvert des coûts restants considérables de 2,33 milliards de dollars, y compris la mise en décharge.

Défis liés à la collecte sélective

Ce travail coordonné de la chaîne de valeur dans la mise en place de la collecte sélective a apporté une série d'avantages initiaux : un apport d’argent, la mise en place d’infrastructures, des aides pour financer des domaines comme les équipements de tri ou même des camions.

Cependant, le schéma « solution, problème, solution, problème » s’est poursuivi.  Au fil du temps, de nombreux programmes de collecte sélective ont été rendu obligatoires par le gouvernement, ce qui en a fait une obligation légale. Pourtant, certaines municipalités ont constaté que cet arrangement n'était pas toujours rentable ou moins coûteux que la mise au rebut, ilo pouvait même s'avérer revenir plus cher.

Ils étaient à la merci des problèmes du marché tels que la chute des prix des matières premières. En outre, elles ont également constaté que leurs flux de déchets mixtes se transformaient au fil du temps et devenaient majoritairement constitués de plastiques, ce qui dépassait leur capacité de traitement.

Deuxième vague : Lutte contre les détritus et les déchets

Alors que cela se poursuivait, une autre partie du Canada était également devenue un facteur de changement et d’innovation majeurs.

En 1970, la Colombie-Britannique, par le biais de la Litter Act (conçue pour réduire le fardeau du contrôle des déchets), a marqué une première mondiale en introduisant un système de remboursement obligatoire pour les canettes et les bouteilles de bière et de boissons non alcoolisées : le premier système de consigne au monde à être réglementé par la loi. (Cela a ensuite été remplacé en 1997 par le Beverage Container Stewardship Program Regulation, qui est considéré comme le meilleur de sa catégorie en raison de ses taux de collecte et de récupération élevés : 84,2 % en 2013.)

Photo de personnes ramassant des déchets

À partir de ce moment-là, l'idée de mettre en place un système dans lequel la restitution des consignes serait effectivement inscrite dans la loi a commencé à prendre de l'ampleur.

Tout au long des années 1970, des systèmes de consigne similaires ont été adoptés dans d’autres régions du Canada à mesure que l’Alberta et le Québec lançaient des systèmes de consigne, et ils se sont également développés dans certaines régions d’Australie et des États-Unis. L’Europe a suivi à partir des années 1980, la Suède devenant en 1984 le premier pays du continent à introduire des consignes, en commençant par les canettes.

Au cours de ces décennies déterminantes, de plus en plus de pays ont continué à s’engager sur chaque territoire, et ces dix dernières années ont connu une croissance particulièrement rapide de ce mouvement mondial dans un effort de lutte contre la crise des déchets et de la pollution.

Un bref aperçu des systèmes de consigne en marche dans le monde entier montre l'essor et la portée du système, qui couvre désormais plus de 50 territoires à travers le monde :

  • Depuis que la Colombie-Britannique a ouvert la voie dans les années 1970, 11 des 13 provinces et territoires canadiens exploitent désormais des systèmes de consigne.
  • Le premier territoire à mettre en place un système de consigne en Australie a été l’Australie-Méridionale en 1977. Le Territoire du Nord a été le deuxième à le faire, en 2012, et depuis 2017, quatre autres États/territoires australiens ont suivi le pas.
  • Aux États-Unis, dix États ont mis en place des lois bouteille – l’Oregon a été le premier en 1972, et le plus récent a été Hawaï en 2005.
  • Au Proche Orient, Israël a mis en place son mandat de consigne en 2001.
  • La Barbade a été la première à travers l’Océanie et les Caraïbes en 1986 et Kosrae, Yap, Kiribati, Palau, Pohnpei, Tuvalu et la République des îles Marshall ont depuis suivi ses traces.
  • Dans toute l’Europe, 13 pays ont mis en place des systèmes de consigne.
Photo de filles regardant des contenants dans un supermarché

Aujourd'hui, la troisième vague : la réputation et la demande de contenu recyclé

Wolfgang s’est penché sur l’évolution des motivations qui poussent à l’introduction de dépôts, à la lumière de la demande mondiale croissante en systèmes de consigne.

« Les premiers dépôts de bouteilles ont été introduits pour des raisons économiques évidentes. Lorsqu’ils ont été réglementés par la suite, cela répondait également au problème des déchets plastiques et au fardeau qui pesait sur les municipalités », déclare-t-il. « Au fur et à mesure que le problème des déchets grandissait, il entraînait également un problème de réputation pour les producteurs. Par exemple, Ocean Conservancy produit un rapport annuel sur les chiffres relatifs aux déchets, qui comprend une ventilation des déchets par type de boissons, et ce tri est un outil puissant de responsabilisation et d'incitation au changement. »

Wolfgang explique qu’un autre facteur majeur influence aussi le changement : les exigences en matière de contenu recyclé Bien qu’il s’agisse souvent d’engagements volontaires de la part des producteurs de boissons, des lois telles que la directive européenne sur les plastiques à usage unique obligent les fabricants à se conformer à de nouvelles exigences strictes. Cette directive visait à ce que les producteurs utilisent 25 % de contenu recyclé dans des bouteilles de boissons en plastique d’ici 2025 et 30 % dans des bouteilles de boissons en plastique d’ici 2030, et collectent séparément 90 % des contenants de boisson en plastique d’ici 2029.

Figure des objectifs de la directive sur les plastiques à usage unique

Avec des objectifs stricts et des échéances qui approchent rapidement, les systèmes de consigne suscitent plus que jamais l’intérêt, en raison de leur capacité éprouvée à collecter de grandes quantités de contenants de boissons pour leur réutilisation et leur recyclage de haute qualité (les spécialistes affirment qu’il sera difficile, voire impossible, d’atteindre des taux de collecte de 90 % sans systèmes de consigne). Rien qu’en Europe, le taux de collecte moyen des bouteilles PET dans un système de consigne est de 94 %, contre 47 % dans un système de collecte sélective.

« La pression du public et la notoriété auront toujours un rôle à jouer, mais en ce moment, le besoin de contenu recyclé est sans doute un facteur encore plus important dans l’essor que nous avons observé dans le nombre d'automates de déconsigne », déclare Wolfgang. « Alors que les gouvernements introduisent des exigences en matière de contenu recyclé, les producteurs reconnaissent qu’il vaut la peine de soutenir les dépôts, car ils les aideront à remplir leurs engagements et à accéder à leurs propres matériaux au lieu de devoir en rechercher de nouveaux. C’est une proposition très attrayante. Aujourd’hui, nous voyons même des producteurs se tourner vers le gouvernement et les inviter à mettre en œuvre des règles du jeu équitables dans la législation afin que l’industrie fasse un effort collectif pour résoudre ce problème. »

La voie à suivre pour les systèmes de consigne

« La période n’a jamais été aussi dynamique pour les automates de déconsigne, car de plus en plus de juridictions continuent d’être impliquées », explique Wolfgang. En Australie, les États de Tasmanie et de Victoria sont actuellement en train de mettre en place leurs propres systèmes de consigne, et l’Australie deviendra bientôt le premier pays à disposer de systèmes de consigne sur l'ensemble de son territoire. Aux États-Unis, neuf États ont proposé d’ajouter un nouveau système de consigne de bouteilles en 2021. Singapour, la Jamaïque et la Guadeloupe ont également des conversations ouvertes sur les systèmes de consigne.

L’extension des systèmes de consigne existants est également en cours :

  • En 2022, l’Allemagne et les Pays-Bas ont élargi leur champ d’application pour inclure davantage de types de contenants de boisson.
  • Les dix États américains disposant déjà de systèmes de consigne ont déposé une législation en 2021 pour mettre à jour et étendre leurs programmes afin d’être plus efficaces.
  • Le Québec s’est récemment engagé à moderniser son système de consigne existant de plusieurs façons, y compris en ajoutant des consignes à des catégories de boissons courantes et en augmentant le montant de la consigne pour encourager davantage les retours.

 

Les clients sont également de plus en plus nombreux à réclamer des systèmes de consigne. Une étude du Fonds mondial pour la nature (WWF) menée en 2020 a révélé que 88 % des Américains adultes soutenaient la mise en place d’un « programme national de remboursement des contenants de boisson » pour les contenants en plastique. Cela correspond à la recherche analysée par Reloop sur l’attitude du public à l'égard des récupératrices automatisées, qui a révélé qu’en moyenne, 82 % des participants étaient en faveur de la mise en place d’un système de consigne, à travers une compilation de plus de 80 sondages d’opinion publique menés dans 18 pays entre 2003 et 2021.

Wolfgang conclut : « C’est excitant de voir la manière dont les systèmes de consigne continueront d’évoluer dans les années à venir, en réaction à l’opinion publique, aux changements de politique, aux nouveaux matériaux des contenants et à la prise en compte accrue de l’impact des emballages sur la planète. » 

Illustration du livre blanc du système de consigne avec un globe terrestre et des contenants

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