L'industrie du recyclage sur le pont
Considérées comme essentielles dans de nombreux pays, les industries des déchets et du recyclage sont au front, avec une organisation qui a du être adaptée pour protéger les collaborateurs. Car la collecte nécessite beaucoup d'interaction avec le public, et le processus de recyclage, une étroite interaction entre les opérateurs.
De nombreuses zones dans le monde ont temporairement cessé de collecter tout ou partie des déchets et matériaux recyclables. Aux États-Unis, dans le Michigan et en Caroline du Sud, le ramassage municipal a été suspendu, on incite les habitants à utiliser les décharges. Au Royaume-Uni, certaines municipalités ont réduit ou stoppé le ramassage des poubelles. Le Département fédéral de la Sécurité et de la Santé au travail (OSHA) aux Etats-Unis, a incité les industriels à manipuler les déchets solides présentant un risqué de contamination par le COVID-19, comme tout autre déchet non contaminé - d'utiliser les contrôles techniques et administratifs habituels, une organisation de travail sécurisée et des équipements de protection individuelle (EPI), tels que des gants résistants aux perforations et des protections pour le visage et les yeux.
Afin de réduire au minimum les risques liés aux interactions, les entreprises de recyclage s’adaptent, par exemple en échelonnant les collectes. Le repositionnement des postes de tri manuel sur la chaîne de traitement, des pauses de travail décalées sont aménagés. Des barrières temporaires sont placées entre les travailleurs pour renforcer leur sécurité.
Enorme pression sur l'offre
Les changements des habitudes d'achat et de recyclage des populations, pendant la période de confinement, ont provoqué une hausse de la demande en PET vierge, combinée à une baisse des taux de retour, ce qui a un impact le marché du polyéthylène téréphtalate recyclé (rPET), le plastique le plus largement recyclé en Europe. Les entreprises françaises de recyclage prévoient également une réduction des taux de collecte du polyéthylène et du polypropylène, à une période habituellement très forte pour le traitement du rPET et les polyoléfines recyclées.
Une grande majorité des États américains ont provisoirement délaissé la gestion des canettes alu, des bouteilles usages, en verre et plastique, et n’alimentent plus les installations de recyclage, ells ont réduit les heures d'ouverture des centres de tri.
Automatisation et progrès technologiques
Nécessité fait loi, et la crise est le terreau de l’innovation.
Les industries des déchets et du recyclage sont confrontées à la pénurie de matériaux et de main-d'œuvre. Les opérations de recyclage doivent d’autant plus tirer le meilleur parti des matériaux qu'elles reçoivent, avec moins d’effectif. " Or, des progrès ont été réalisés dans l'automatisation des circuits de tri, en front comme en back office, et on peut améliorer la pureté du tri avec moins d’opérateurs humains ", mentionne Fabrizio Radice, responsable des ventes et du marketing mondial de TOMRA Sorting Recycling.
En 2017, China National Sword avait déja fait réagir les acteurs du recyclage. Avant cette date, les produits recyclés contenaient jusqu'à 10 % d'impuretés. Avec cette réglementation, un taux maximum de 0,05 % a été toléré, et ce standard s’est généralisé à d'autres pays.
China National Sword in 2017 started the innovation engine for plant builders and manufacturers of equipment used at MRFs and metal recycling yards. Before National Sword, recycled product with up to 10 percent impurities was acceptable. After, impurity content of no more than 0.05 percent was mandated, and other countries eventually followed China’s lead.
" Notre industrie est passée de la récupération de matériaux au raffinage de produits recyclés ", explique Eric Thurston, directeur commercial des métaux pour TOMRA Sorting Recycling. " Les entreprises veulent que le process de tri automatisé fasse le gros du travail, afin de concentrer les opérateurs manuels sur des tâches à plus forte valeur ajoutée. "
L'automatisation des équipements contribue à une meilleure séparation des matériaux en mélange en amont du circuit de recyclage. L'utilisation accrue d'équipements sophistiqués de criblage et de séparation permet de mieux classer le papier, le verre et les métaux, en fonction de leur taille, de leur couleur, de leur densité et de leurs propriétés balistiques. " Meilleure est la séparation en amont, meilleur sera le tri en aval, et moins il faut d’opérateurs humains ", commente M. Thurston.
Les nouvelles technologies de tri optique introduites au cours des trois dernières années permettent d'éliminer davantage d'impuretés des flux de produits métalliques et de papier. Les progress des capteurs permettent désormais aux trieurs optiques de repérer de très fines différences moléculaires dans les flux de PET et de papiers pour obtenir un matériau final plus pur.
" En adoptant une approche systémique sur l'ensemble du circuit ", explique Nick Doyle, directeur des ventes de la zone de recyclage, Amérique du Nord Ouest pour TOMRA Sorting Recycling, " nous aidons les acteurs du recyclage à réduire le nombre des opérateurs manuels de moitié, voire davantage. Cela n'est pas seulement bénéfique en ces temps de pandémie de coronavirus, mais cela permet de mieux utiliser mieux les compétences des collaborateurs et de réduire les coûts de traitement. "
Transformation digitale
Aujourd'hui, un plus grand nombre de composants du circuit de recyclage peuvent être mis en réseau afin de faire progresser l'efficacité. De nombreuses données – comme la mise en service, la durée, le rendement, les alertes… - peuvent être consultées à distance via une connexion Internet. Cela permet aux responsables de prendre des décisions en toutes connaissance de cause, d'améliorer l'efficacité du fonctionnement et d'accroître la précision du tri.
Davantage de données disponibles, des capacités de calcul plus puissantes, ont permis de développer l'utilisation de l'intelligence artificielle (IA) dans les équipements de tri. On résout des problèmes de tri beaucoup plus complexes que par le passé. Les trieurs robotisés et les équipements de tri à base de capteurs intègrent maintenant des capacités de deep learning pour identifier des types précis de produits, dans un flux de déchets et effectuer un tri plus intelligent.
M. Doyle explique : "Si un process de tri n'a pas été mis à niveau au cours des trois dernières années, il n'est pas optimisé et est sans doute plus gourmand en main d’oeuvre que nécessaire. Investir dès maintenant dans la technologie, alors que le volume et la disponibilité de la main-d'œuvre sont à leur plus bas niveau, permettra de restaurer la rentabilité au sortir de la pandémie. "