Comment les décideurs politiques européens peuvent créer une économie circulaire

L’économie circulaire et la volonté de l’UE d’améliorer la gestion de ses propres ressources sont à l’origine de cette nouvelle réglementation, également alimentée par les restrictions mises en place par les pays qui acceptent traditionnellement les déchets de l’UE.

TOMRA Collection, leader mondial dans le domaine des automates de déconsigne, est présente dans plus de 60 pays partout dans le monde et œuvre à la création d’une économie circulaire. L'entreprise norvégienne récupère 35 milliards de contenants de boissons usagées par an dans le cadre de systèmes de consigne pour le recyclage en boucle fermée.

Ici, TOMRA Collection explique comment réaliser une économie circulaire en récupérant et en recyclant davantage de matériaux, et pour y parvenir, considérer le plastique comme une ressource précieuse plutôt qu'un déchet est l’une des premières étapes à franchir.

 

Des mesures répressives pour lutter contre les déchets

À l’heure actuelle, l’UE ne recycle qu’environ un quart des 25 à 26 millions de tonnes de déchets plastiques qu’elle produit chaque année, et environ la moitié est envoyée en Chine. Cependant, lorsque la politique chinoise « Épée nationale » a été mise en place en février 2018, 24 types de déchets ont été interdits et le niveau de pureté requis pour les produits acceptés a considérablement augmenté.

La dépendance du monde à l'égard de la Chine en tant que dépôt de déchets pré-triés mais sales a été mise en évidence, et avec l'afflux de matériaux détournés de la Chine, d’autres pays importateurs de déchets suivent l'exemple en imposant leurs propres restrictions. En août, la Thaïlande a interdit l’importation de déchets plastiques et électroniques. Ensuite, en octobre, l’industrie du recyclage extrêmement tendue en Malaisie, qui a été inondée de 88 000 tonnes de déchets plastiques britanniques et de 150 000 tonnes en provenance des États-Unis, a annoncé des restrictions similaires sur les importations de plastique.

Alors que les pays ferment leurs frontières aux matériaux recyclables de mauvaise qualité, les pays européens exportateurs de déchets planifient la manière dont ils vont gérer la vague de déchets qu’ils exportent traditionnellement et cherchent à améliorer leurs propres infrastructures de recyclage.

pollution des océans par le plastique dans le vacha dam, en Bulgarie
Vacha Dam, Bulgarie

Nouveaux objectifs de recyclage de l'UE

Grâce au paquet « économie circulaire », les États membres de l’UE ont adopté un certain nombre de dispositions législatives sur les déchets, notamment un taux de recyclage des déchets d’emballages de 75 % d’ici 2030. En outre, en octobre, elle a annoncé que non seulement les bouteilles en plastique devraient contenir au moins 35 % de contenu recyclé d’ici 2025, mais aussi que les États membres devraient collecter et recycler 90 % de ces contenants de boisson.

Outre l’interdiction d’importer des déchets en Chine, le catalyseur de cette législation a été une prise de conscience accrue de la nécessité de lutter contre la crise environnementale. La mise en œuvre de ces objectifs ambitieux apportera de nombreux bénéfices et, grâce à une gestion plus efficace des ressources, les pays de l’UE créeront des emplois durables, fabriqueront des produits de meilleure qualité et fourniront un modèle de production plus durable et circulaire.

 

L’économie circulaire expliquée

Alors que de nombreux gouvernements se rendent compte qu’un modèle industriel linéaire n’est plus viable et sont de plus en plus disposés à agir, une économie circulaire peut sembler être un objectif intangible ou lointain.

Mais une économie circulaire aurait de nombreux bénéfices et pourrait être mise en place rapidement, explique Kristine M. Berg, conseillère en économie circulaire chez TOMRA : « L’économie circulaire est axée sur les effets positifs sur l’environnement du maintien des ressources en boucle fermée. Cela inclut les bénéfices directs du recyclage tels que la réduction des émissions de carbone, mais je dirais qu’il présente également des avantages beaucoup plus grands en réduisant la demande de matériaux vierges et en provoquant des améliorations dans le comportement des consommateurs. »

Berg souligne également des distinctions importantes dans la manière dont le climat et l'environnement sont compris dans une perspective d'économie circulaire, à la fois par les gouvernements et les consommateurs : « Un état d’esprit axé sur l’économie circulaire est une solution essentielle lorsque l’on parle de questions environnementales telles que les déchets marins, car dans un sens, on élimine le concept de « gaspillage ». Tout constitue une ressource. Les matériaux sont idéalement conçus pour le recyclage, pour une deuxième, troisième ou quatrième vie, et sont collectés et recyclés en conséquence pour maintenir la qualité des matériaux. C’est le cas, par exemple, pour les bouteilles en verre, les canettes en aluminium et les bouteilles en plastique. »

« Mais tous ne sont pas aussi performants si en plus, on tient compte du climat. De nombreux autres matériaux peuvent être recyclés à l’infini, mais la collecte et le recyclage peuvent être très énergivores. Bien que les matériaux plastiques puissent causer beaucoup de dommages lorsqu’ils finissent par disparaître dans l’environnement, le plastique surpasse la plupart des autres matériaux en termes de gains ou de bénéfices climatiques dans le processus de recyclage. De plus, le plastique ne peut pas être facilement remplacé en termes d’équipement médical, de transport ou de sécurité alimentaire et hydrique. Le plastique n’est pas l’ennemi, c'est notre comportement à usage unique qui l’est.

« Les systèmes de gestion des déchets sont extrêmement complexes et les chaînes de valeur peuvent être très complexes. La coopération et la transparence sont essentielles ; lorsqu’on envisage d’exécuter une réglementation à l’échelle de l’UE, il est nécessaire de réfléchir à sa mise en œuvre. »

 

La réglementation doit favoriser le recyclage

Face à la prise de conscience croissante de l’impact du plastique sur l’environnement, les organismes de régulation ont un rôle important à jouer dans le maintien de la réputation du matériau. Le plastique est le matériau de base de l’économie actuelle et, pour les fabricants, il apporte une fonctionnalité inégalée à faible coût.

Cependant, certains signes indiquent que les législateurs européens envisagent de reclasser le plastique comme « déchet dangereux », à la suite d’une proposition discutée lors de la Convention de Bâle en septembre. Bien que les intentions qui sous-tendent cette recommandation puissent être bonnes, TOMRA suggère que des mesures restrictives rendraient le recyclage et donc les produits recyclés plus coûteux et plus compliqués.

Harald Henriksen, directeur de TOMRA Collection, déclare : « Grâce à la technologie avancée de tri à base de capteurs disponible, il n’est plus nécessaire de brûler les déchets plastiques pour récupérer de l'énergie au lieu de les recycler en nouveaux produits. En effet, la combustion des déchets plastiques est la définition même d’une économie linéaire et de ce que les législateurs tentent de surmonter. »

« Adopter une démarche de valorisation énergétique des déchets n'encourage pas à une amélioration de la conception des produits et à un meilleur comportement des consommateurs. Pire encore, la combustion du plastique signifie que nous devons pomper plus de pétrole pour plus de produits, alors que nous avons déjà produit 8,3 milliards de tonnes de plastique depuis les années 1950. »

Pour Henriksen, l’accent mis par l’UE sur une économie circulaire devrait être mis sur la réduction de la demande de plastique vierge et sur sa dépendance vis-à-vis de ce plastique.

 

Du déchet à la valeur

L’idée d’une économie circulaire commune aux décideurs politiques, à l’industrie et aux fournisseurs de technologie comme TOMRA est de repenser le plastique comme étant une ressource précieuse.

Heero Gramsma explique : « Nous devons cesser de considérer le plastique comme un déchet et le voir plutôt comme une ressource et une opportunité. Le modèle d’économie linéaire consistant à « prendre, fabriquer, jeter » s’est accéléré au cours des 40 dernières années. La culture de gaspillage, qui consiste à considérer les produits comme des produits jetables sans tenir compte de ce qui en advient une fois jetés est au cœur de ce modèle. Dans une économie circulaire, il est possible de collecter et de recycler sans affecter la qualité du produit, de sorte que les produits puissent être réutilisés à l’infini en boucle fermée. »

Henriksen suggère qu’au lieu de démontrer que le plastique est un polluant, l’UE a adopté la bonne approche pour fixer des objectifs d’économie circulaire, tels que la limitation de l’utilisation de plastique vierge et l’encouragement à améliorer les infrastructures de recyclage.

« Ce sont des étapes très positives et la dynamique évolue vers une économie plus circulaire », poursuit Henriksen, « mais la question importante est : qui est prêt ? »

Alors que, dans l’ensemble, l’UE a réussi à recycler 67 % des emballages en 2016, sous l’impulsion d’acteurs performants tels que la Belgique et le Danemark, qui recyclent environ 80 %, la Hongrie, la Croatie, l’Estonie et la Lettonie peinent à recycler 50 % de leurs emballages, selon les données d’Eurostat.

Infographie d'un système de consigne
Comment fonctionne un système de consigne ?

Système de consigne

Selon TOMRA, introduire un système de consigne est le moyen le plus efficace pour les États membres de l’UE d’atteindre de nouveaux objectifs, par exemple un taux de collecte de 90 % pour les bouteilles de boisson en plastique à usage unique avant l’échéance 2025.

Grâce aux systèmes de consigne, les clients paient une consigne allant jusqu’à 0,25 € sur les contenants en plastique, en aluminium et en verre, qui est ensuite remboursé lorsqu'ils rapportent la bouteille ou la canette en vue de son recyclage. Huit pays de l’UE disposent désormais d’un système de consigne, l’Allemagne ayant le système de consigne le plus performant avec un taux de collecte de 98 %. Les machines innovantes de « reverse vending » de TOMRA, qui permettent la collecte automatisée, sont également utilisées en Lituanie, où un système de consigne mis en place en 2016 a vu les taux de recyclage grimper de 34 % à 92 % en l'espace de deux ans.

Les systèmes de consigne permettent d’atteindre un taux de collecte jusqu’à 40 % plus élevé pour les contenants de boisson en plastique, en aluminium et en verre par rapport à d’autres méthodes de collecte, et ce, pour deux raisons principales :

  • Incitation financière – fournir aux consommateurs une incitation financière les motive non seulement à jeter leur contenant au bon endroit, mais indique également que le contenant a une valeur, qu’il ne s’agit pas d'un déchet et qu’il doit être traité comme une ressource. En fait, les consignes permettent de réduire les déchets de contenants de boisson jusqu’à 80 %.
  • Pureté accrue – en séparant les bouteilles et les canettes pour le recyclage via des récupératrices automatisées, les contenants de boisson sont collectés sans risque d'être contaminés par d’autres types de déchets dans un bac de recyclage ménager. Cela signifie qu’il peut maintenir un niveau de qualité élevé adapté pour être retransformer en bouteille, plutôt que d’être sous-recyclé pour des utilisations de moindre qualité.

 

Transformer une bouteille en bouteille est un processus connu sous le nom de recyclage en boucle fermée, que TOMRA appelle Clean Loop. Cela réduit à la fois la dépendance aux matières premières nécessaires à la production de nouveaux contenants de boisson (c’est-à-dire qui entrent dans le circuit) et les déchets qui finissent dans des décharges ou dans la nature en tant que détritus (en sortant de la boucle).

En outre, un système de consigne fonctionne exceptionnellement bien lorsque les décideurs politiques et les producteurs travaillent de concert pour s’assurer que les produits sont conçus en gardant à l'esprit l'objectif de recyclage. Environ 80 % de l’impact d’un produit sur l'environnement est défini au stade de la conception, c’est pourquoi les producteurs doivent modifier la façon dont les produits sont conçus et fabriqués, en particulier ceux fabriqués à partir de plastiques mélangés qui sont très difficiles, voire impossibles, à recycler.

Les États membres de l’UE auront un défi à relever au cours des deux prochaines années pour atteindre ces nouveaux objectifs ambitieux. Toutefois, une bonne collaboration entre les fabricants, les décideurs politiques et les consommateurs permettra d’atteindre ces objectifs.

Une économie circulaire peut découler de cette coopération : disposer de l’infrastructure adéquate pour non seulement atteindre des taux de collecte élevés, mais aussi maintenir un niveau élevé de pureté pour les matériaux collectés, garantira qu’une bouteille peut être retransformées à maintes reprises, en évitant que les déchets ne se retrouvent dans les océans, les rues et les décharges.

Pour plus d’informations, veuillez contacter notre responsable de la communication Alexandra Ugland au +47 462 964 29.